Confinement, viralité et formes de vie

Colloque, films, performances. 26-27 novembre 2020

La pandémie engage de nouvelles formes de vie, médiatisées par les technologies et organisées par une viralité qui n'est pas seulement biologique. Comment décrire, analyser, performer et détourner ces formes confinées de la vie ? Ce colloque se focalise sur plusieurs points : l'ambiguïté de la viralité entre biologie et information, l'accentuation de la distance impliquée dans la relation sensible, et le rôle des technologies numériques dans le confinement.

Le colloque réunit des interventions théoriques et des performances d'artistiques. Il se déroule entièrement « à distance », en « visio », sur les mêmes plateformes où ont lieu « l'école à la maison » et les apéros en ligne. Il s'agit de détourner la distance pour inventer des modes d'expressions collectifs.

Argument

Jeudi 26 novembre

Vendredi 27 novembre

Équipe, organisation et recherche

Hortense Boulais-Ifrène, Pierre Cassou-Noguès, Arnaud Regnauld, Gwenola Wagon  

Argument

Il nous est impossible d'évaluer le confinement comme une réponse à la pandémie biologique. Impossible de déterminer si le confinement est la meilleure réponse au virus. Impossible de mesurer son impact économique. Indépendamment de ces questions, il est cependant possible d'explorer le confinement comme une forme de vie, au sens de Wittgenstein, ou comme un « dispositif », au sens de Foucault : un système de discours et de gestes, une certaine utilisation du langage et de la technologie, qui transforme le fonctionnement du pouvoir, la relation au corps, à notre corps et à celui des autres, la position de l'esprit, ou du mental, par rapport au corps, etc.

Trois points retiennent notre attention

1. La relation entre viralité informationnelle et viralité biologique. Qu'il s'agisse de gènes ou de virus, des modèles biologiques ont été utilisés pour étudier la propagation des messages sur Internet. De Burroughs au langage courant (une vidéo peut en effet être « virale »), des éléments du plan informationnel, des mots, des images, peuvent être décrits comme des virus et déclencher une forme de contagion. Le président de l'Organisation mondiale de la santé, a récemment déclaré que « les fake news se répandent plus vite et plus facilement que ce virus, et sont tout aussi dangereuses ». A-t-il un modèle pour justifier cette affirmation, connaît-il vraiment le nombre des victimes des fake news ou est-ce simplement une formule facile à citer, qui se répandra comme les fake news contre lesquelles il entend mettre en garde ? Quel est le rôle de ce type de contagion dans un monde confiné ? Dans quelle mesure peut-on comparer cette contagion informationnelle à une contagion biologique ? Quel est le sens de cette comparaison, de cette métaphore?

2. Le toucher. Il semble que le confinement et la distanciation sociale qui l'accompagne impliquent une relation spécifique au toucher. Il est cependant possible qu'une réticence au toucher soit déjà en jeu dans certains de nos appareils numériques, qui (comme le bâton de l'aveugle que Descartes décrit dans sa Dioptrique) permettent de toucher à distance ou de toucher sans être touché. Forster, dans la nouvelle  « Quand la machine s'arrête », et Norbert Wiener indiquent tous deux que la peur du toucher est à l'origine des technologies de téléperception. Le toucher a été un thème majeur dans les traditions phénoménologiques et post-phénoménologiques, de Husserl à Derrida et J.-L. Nancy. Que deviennent donc le toucher et le corps tactile à l'ère de la technologie et de la distanciation sociale ? Comment décrire ce nouveau type d'intangibilité ?

3. « La santé mentale ». Dès le début, le confinement a été critiqué, car il mettrait en danger notre « santé mentale ». En effet, l'OMS définit la santé comme « un état de complet bien-être physique, mental et social ». Mais cette référence à la « santé mentale » semble indiquer une différence entre notre confinement et la quarantaine que, par exemple, Foucault décrit dans Surveiller et punir. L'État doit-il désormais prendre en charge non seulement le corps vivant mais aussi notre vie mentale ? Est-ce encore de la biopolitique, le confinement est-il un exemple de la volonté de protéger la « vie nue » au détriment des droits politiques ? Ou le confinement est-il une sorte d'anomalie, une sorte de régression, dans ce qui est maintenant, comme le formule Géraldine Aïdan, psychépolitique plutôt que biopolitique ?

Jeudi 26 novembre 2020

14h Introduction

Arnaud Regnauld, Pierre Cassou-Noguès et Gwenola Wagon

14h30 - 16h- L’esprit du confinement

Jan Söffner, State of Exception without Carl Schmitt: Corona in Germany

When trying to adequately understand „Virusland“, we can recur to several intellectual positions. Most helpful for describing the early stages of the pandemic have proven Jean-Luc Nancy’s paralleling of mediatic and epidemic forms of the “viral”, the frequent re-discussions of Albert Camus’ “La peste”, of Michel Foucault’s “Surveiller et punir”, of Randolph Bourne’s “The State”, and of Giorgio Agamben’s “State of Exception”. Some of these positions, however, have proven less adequate for describing the “second wave” of the pandemic. In focusing both on measures taken by the German government as well as on the opposition towards them, I will try to analyze the respective shortcomings and thereby try to better understand the political crisis luring behind the pandemic.

Bio

Jan Söffner holds the chair for Cultural Theory and Cultural Analysis at Zeppelin University in Friedrichshafen, where he also holds the position of vice president for teaching and didectics. Jan earned his PhD in Italian Studies and his 'Habilitation' (second, post-doctoral dissertation) in Comparative Literature and Romance Studies. From 1999 to 2007 he was research associate at the Department of Romance Studies at the University of Cologne; and from 2008 to 2010 he worked at the research project Emotion and Motion at the Centre for Literary and Cultural Research (Zentrum für Literatur- und Kulturforschung) in Berlin. In 2011 he held a fellowship at the Center for Advanced Studies Morphomata in Cologne, and continued to work there until he left in 2014 to work as an interim professor for Romance Literature at the Eberhard-Karls-University in Tübingen. In 2016 he held the position of Program Director at Wilhelm Fink publishing house in Paderborn.

Books authored:

Nachdenken über Game of Thrones, Zu George R.R. Martins Fantasyzyklus, Wilhelm Fink, Paderborn 2017. Metaphern und Morphomata , Wilhelm Fink, Paderborn [Series Morphomata], 2015. Partizipation. Metaphern, Mimesis, Musik und die Kunst, Texte bewohnbar zu machen, Wilhelm Fink, München 2014. Das Decameron und seine Rahmen des Unlesbaren, Heidelberg: Winter, 2005.

https://www.zu.de/lehrstuehle/kulturanalyse/index.php

Frédéric Keck, Être confinés avec des animaux ou vivre comme des bêtes ?

Si le président de la République n’a pas employé le terme de confinement lors de ses discours à la nation des 12 et 16 mars, alors que les ministres de la Santé et de l’Intérieur l’ont largement utilisé, c’est peut-être parce que ce terme a jusque là été utilisé en France pour les populations animales. Lorsque la grippe aviaire est arrivée en Europe en 2005, les élevages de volailles soupçonnés d’être contaminés par le virus H5N1 ou exposés aux oiseaux sauvages qui ont en étaient porteurs ont été « confinés », c’est-à-dire qu’un périmètre a été défini dans lequel tout mouvement était interdit pendant plusieurs mois. Plus généralement, l’élevage industriel a conduit depuis une quarantaine d’années à confiner les animaux dans des bâtiments fermés où leur standardisation génétique pour des raisons de rentabilité économique les expose à des flambées de maladies infectieuses. En m’appuyant sur des recherches anthropologiques autour de la grippe aviaire, j’analyserai les relations entre humains et non-humains pendant le confinement.

Bio

Frédéric Keck est directeur de recherche au Laboratoire d’anthropologie sociale (CNRS-Collège de France-EHESS). Après des études de philosophie à l’Ecole Normale Supérieure de Paris et d’anthropologie à l’Université de Berkeley, il a fait des recherches sur l’histoire de l’anthropologie et sur les questions biopolitiques contemporaines posées par la grippe aviaire.  Il a publié Claude Lévi-Strauss, une introduction (Pocket-La découverte, 2005), Lucien Lévy-Bruhl, entre philosophie et anthropologie (CNRS Editions, 2008), Un monde grippé  (Flammarion, 2010) (en co-direction avec N. Vialles), Des hommes malades des animaux (L’Herne, 2012) (en co-direction avec A. Kelly et C. Lynteris) Anthropology of epidemics (Routledge. 2019), Valeurs et matérialités (Presses de l’ENS-musée du quai Branly, 2019), Les sentinelles des pandémies. Chasseurs de virus et observateurs d’oiseaux aux frontières de la Chine (Zones sensibles, 2020).

Géraldine Aïdan, Psychépolitique à l’ère du coronavirus 

Depuis une trentaine d’années, la vie psychique tend à devenir un objet de préoccupation croissante des systèmes juridiques européens. L’émergence d’une psychépolitique marquerait alors une nouvelle étape de la biopolitique contemporaine. Comment les mesures prises pour prévenir et limiter les conséquences de l’épidémie du covid 19 s’inscrivent-elles dans ce nouveau schéma biopolitique ? Si le traitement juridique des effets de la propagation du virus vise à prescrire des comportements sur le corps (port du masque, limitation de la liberté d’aller et venir.) venant ainsi redéfinir les contours d’un espace d’intimité physique, quel sort juridique est réservé aux comportements psychiques des individus et comment se redéfinissent juridiquement les contours de leur espace psychique ? Comment est conciliée la protection du droit à la santé avec la protection d’un droit à la santé mentale ? Comment se caractérise la psychépolitique en période  d’état d’urgence sanitaire ?  

Bio

Géraldine Aïdan, est chargée de recherche au CNRS, docteure en droit public (L’invention du sujet psychique en droit, CNRS éditions, à paraître, Prix solennel de la Chancellerie des Université de Paris 2013 - André Isorée).  Ses recherches portent sur la vie psychique et les questions qu’elle génère aujourd’hui en droit.  Elle travaille actuellement sur le concept de psychépolitique comme nouvelle forme de biopolitique. Elle co-publie prochainement Humain-Non humain. Repenser l’intériorité du sujet de droit, LGDJ, collection « Droit et Société », à paraître, décembre 2020.  

https://cersa.cnrs.fr/aidan-geraldine/

Arnaud Regnauld, Sans contact ?

Un moment de vie ordinaire : j’entre dans une boulangerie, salue la boulangère qui vient de réajuster son masque en m’apercevant, commande une baguette, et au moment de régler mon achat, je tends ma carte de crédit et elle me lance: « sans contact ? ». Cette question jusqu’alors anodine en ce qu’elle visait avant tout à fluidifier les transactions commerciales se dédouble tout à coup et révèle un sens plus profond. Elle résonne comme une invitation implicite à prendre en compte une vulnérabilité commune face à la virulence d’un agent pathogène qui se transmet aussi par le contact. Que dire de ces nouveaux modes transactionnels dits « sans contact » alors même que quelque chose s’échange malgré tout, ou du moins se partage, presque comme si de rien n'était. Ou comment les gestes du quotidien révèlent sans doute de manière plus aiguë la vulnérabilité qui définit nos relations sociales depuis que nous nous devons faire face à la pandémie.

Bio

Arnaud Regnauld est professeur de littérature américaine et vice-président recherche à l'Université de Paris 8. Après avoir écrit sur John Hawkes, ses recherches portent sur Carter Scholz, Gary Lutz, Diane Williams et Matthew Derby, les romans de Percival Everett, Ben Marcus, Theresa Hak Kyung Cha et Richard Powers, la poésie électronique de Jim Rosenberg ainsi que sur les œuvres de Mark Amerika, Michael Joyce, Shelley Jackson, Illya Szilak et Grégory Chatonsky. Ses recherches les plus récentes portent sur les nouvelles formes de textualité à l'ère numérique et leur traduction ainsi que sur les relations entre art, littérature et philosophie.

Evi Sampanikou, Teaching Art History in Covid Times. Can it be a form of Infotainment ?

The paper deals with the implications of online teaching, especially for Arts and Humanities disciplines, but also for Social Sciences. As most of the Arts and Humanities subjects are now accepted as cross- and interdisciplinary, having them in a full online teaching may offer them several variations of new approaches and understanding and, moreover, attract an extra attention from the participants. As we have observed during the previous months, online teaching can become more ‘user friendly’ for the contemporary generation of students who can share a feeling of ‘infotainment’ and at the same time better communication among the class (the amount of text messaging exchanges for example is more than oral participation in a class). For Art History lessons it can be a real entertaining participatory experience, similar to watching a game or a documentary, as they can better unfold a series of subjects they could never before be aware of and also share a more immersive experience. It’s probably us, the elder, their professors, that are sometimes not ready for this experience or not fully trusting it. For all the above we are going to have a big discussion, I hope.

Bio

Evi Sampanikou is Professor of Art History and Visual Culture at the Department of Cultural Technology and Communication, University of the Aegean, Mytilini-Lesvos-Greece and a founding member of Beyond Humanism Conference Series. She has published several books and articles, among them the recent: Evi Sampanikou (Editor), Audiovisual Posthumanism, Cambridge Scholars Press, 2017 and is now compiling with Jan Stasienko a Reader on Posthumanism.

16h15 - 17h30 - Vide, disparition, cloisonnement

Stéphane Degoutin, Superstructures dans le coma

Les terminaux aériens du monde entier sont devenus des lieux fantômes, des décors pour films de zombies. Ils présentent aux rares voyageurs leurs espaces nus, leurs guichets déserts, leurs labyrinthes de files d’attentes que ne parcourent personne. La machine s’est arrêtée. Les mesures de sécurité auxquelles nous sommes habitués visent à neutraliser le lieu en contrôlant les personnes entrant dans ce lieu. Avec les mesures de distanciation sociale, ce n’est plus seulement le lieu lui-même qui est sécurisé, mais chaque individu. Celui-ci se déplace au cœur de sa bulle. Tout ce qui l’entoure est stérilisé. Aucun élément, même microscopique, ne doit l’atteindre. Les aéroports se transforment littéralement en lieux anticorps où tout individu s’isole dans une bulle hermétique stérile.

Bio

Stéphane Degoutin est artiste, chercheur. Né à Toronto (Canada). Vit et travaille à Paris. Ses thèmes de recherche portent sur l'humanité après l'homme, la ville après l'espace public, l'architecture après le plaisir. Ses projets enquêtent sur des situations d’ambivalence, entre la guerre et la danse, entre le plaisir sexuel et le non-lieu, entre la ville et son potentiel, entre le posthumain et l’obsolescence de l’homme.

d-w.fr

Hortense Boulais-Ifrène, Réactiver les univers virtuels

Second Life et Habbo Hotel, villes fantômes persistantes du cyberspace, deviennent des alternatives à la socialité et aux rencontres en période de confinement. Quand les rues du monde entier se vident, celles des métavers sont réinvesties par des teufeurs en quête de rave virtuelle, où d’étudiants des Beaux-Arts improvisés cyber-explorateurs. Retour sur une période révélatrice par l’image du rapport qu’entretient le couple virtuel / actuel, sur notre regard et nos vies passées sur internet à travers le principe physique des vases communicants.

Bio

Hortense Boulais-Ifrène Étudiante du Master 2 Arts Plastiques - Écologie des arts et des médias de Paris 8, mes sujets de recherche s’articulent autour des notions de ville fantôme, de désert et de ruine dans les mondes persistants, à travers les récits de cyber-flâneurs.

https://merrychristmas2007.skyrock.com/

Tania Ruiz, Calle Utopia

La rue "utopia" dans le quartier "poligono sur" de Séville traverse une cité mal famée vieille de 50 ans. Nous nous intéressons au paysage médiatique qui fabrique et souligne l'isolement de ce quartier. Comment ce paysage est-il construit? Comment se superpose-t-il à la réalité de ce territoire? Que reste-t-il des intentions des urbanistes ayant baptisé la rue utopie et les rues contiguës, peuplées d'allusions littéraires?

Bio

Initialement formée dans le Cinéma, Tania Ruiz est MCF à l'Université de Paris8 et travaille depuis 20 ans dans le domaine des arts visuels, s'intéressant principalement au déploiement des objets temporels dans l'espace. Elle développe aussi des installations temporaires et permanentes dans l'espace public. Ses projets le plus connus sont Garde-temps, une sculpture lumineuse installé temporairement et commandé par la ville de Vancouver, et Ailleurs, une installation vidéo monumental installée a la gare centrale de Malmö.

Anne Zeitz, Murmures

En tant que bourdonnement et chuchotement, le murmure se propage à voix basse. Son caractère se reflète dans le terme même, qui est, selon son étymologie, une onomatopée. Mur-mure, ce « bruit sourd, léger et continu de voix humaines », par la répétition de ces trois premières lettres, semble imiter l'émission de voix distantes et confuses. La sonorité de cette association de deux consonnes dont l'une est douce et l'autre dure évoque une fantasmagorie – telle que théorisée par Stephen Connor – autour de l'expression vague et étouffée d'une opinion formulée par plusieurs personnes.

Cette intervention questionnera la propagation de la voix par le murmure en période de confinement. Au XIIe siècle, murmur signifiait tout d'abord un « grondement ». Il acquiert, au XVIIe siècle un autre sens, celui d'un « bruissement » ou « bruit continu, léger, doux et harmonieux » tel le bruissement d'un ruisseau ou de la brise. Par un cheminement au plus près de ces différentes significations et de mon expérience personnelle du confinement, il s'agira d'analyser de quelle manière une propagation sonore plurielle « sourde », « légère », « à mi-voix » peut être pensée en rapport avec l'écoute d'éléments naturels comme l'eau et le vent.

Bio

Anne Zeitz  est maître de conférences en arts plastiques à l'Université Rennes 2, membre du laboratoire  Pratiques et Théories de l'art contemporain/Rennes 2 et membre associée de TEAMeD/Université Paris 8. Ses recherches récentes interrogent des formes d'attention et d'écoute dans l'art contemporain, ainsi que des méthodologies permettant d'étudier des pratiques sonores à partir de documents d'archive et de témoignages. Elle a bénéficié d'une allocation de recherche de l'INHA et de l'Institut Français en 2016 et initié le projet de recherche Sound Unheard entre 2017 et 2019 avec la publication éponyme sur Kunsttexte.de/Humbodlt-Universität zu Berlin ainsi que la co-organisation des expositions et programmes de performances Echos magnétiques (Musée des beaux-arts de Rennes), Sound Unheard (Goethe-Institut Paris) et Inaudible Matters (Gaîté Lyrique Paris) en 2019. Actuellement, elle développe le projet de recherche et d'exposition Polyphone en collaboration avec la Kunstsammlung Gera et le Centre allemand d'histoire de l'art Paris.

https://perso.univ-rennes2.fr/anne.zeitz

17h45 - 19h15 - Intimité partagée

Nicolas Bailleul et Arnaud Renaud, Room tour

Recherche et exploration de chambres sur Youtube à l'aide du programme chambre-downloader.js, script de récolte automatique de « room tour » - visite vidéo guidée et commentée de sa chambre - et outil méthodologique du projet de recherche-création « La chambre, création contenue » de Nicolas Bailleul. Conçu avec l’artiste et programmeur Arnaud Renaud, ce projet open-source, encore à l'état de prototype, a pour ambition de proposer à l'utilisateur un itinéraire de requêtes vers la chambre des Youtubeurs, déjouant l'algorithme de référencement de la plateforme et favorisant les vidéos sans public, en voie de disparaître. Une méthode de saved footage automatisée et confinée.

Bios

Nicolas Bailleul : Artiste plasticien et chercheur. Diplômé de la Haute École des Arts du Rhin (Strasbourg) et d'un master de cinéma anthropologique et documentaire (Université Paris-Nanterre), Nicolas Bailleul prépare un doctorat en recherche-création à l'université Paris 8 sous la direction de Patrick Nardin et co-direction de Gwenola Wagon. À travers la réalisation de films et autres dispositifs narratifs, Nicolas Bailleul explore les terrains de l'intime à l'ère des réseaux connectés. Il s’intéresse notamment aux nouvelles pratiques amateurs (désignées ou revendiquées comme telles), utilise et détourne leurs outils de captation et investit/infiltre leurs espaces de diffusion et de rencontre. Nicolas documente, fictionnalise et fait le récit de ses explorations. Son projet de thèse porte sur l’espace de la chambre à l'ère des nouveaux médias.

nicolasbailleul.fr

Arnaud Renaud : Ingénieur en informatique de profession, Arnaud Renaud est élève aux Beaux-Arts de Paris. Ses travaux utilisent la collecte (automatique ou non) de données issues du web et des médias de masse. Il s'intéresse à la représentation de l’univers mental des citoyens-consommateurs et utilise pastiche et détournement pour donner une forme aux ensembles de données qu’il manipule.

arenaud.com

Jean Gilbert, Le cas Fanny

Mes différentes expériences d’usager d’un célèbre site de sexcam, et l’enquête d’anthropologue amateur que j’y ai menée en tant que membre et camboy indépendant, m’ont finalement fait faire la rencontre de Fanny, un des modèles travaillant sur ce site. Employée d'un studio qui la contraignait à streamer huit heures par jour six jours sur sept, et ne lui accordait que de rares périodes de vacances, Fanny n’hésitait pas, en cas de trop grande fatigue, à exprimer sa souffrance dans des conversations publiques qui la conduisaient parfois jusqu’aux larmes. Nos interactions ont duré environ un an. Je ne suis pas devenu son psychanalyste.

Bio

Enseignant en philosophie, auteur, animateur de l’association PAN! (Phénomènes Artistiques Non !dentifiés) depuis 2010 à Limoges et dans sa région. Mon activité d’écriture consiste à diffuser et à développer des formes d’interaction et de discussion capables de questionner des représentations communes avec des gens que j’aurais peu de chance de côtoyer dans ma vie professionnelle ou familiale ordinaire. Activer des rencontres improbables et critiques est une façon d’explorer différents milieux institutionnels, pour tenter d’en faire le compte-rendu écrit dans l’espace public.

Mathias Fuchs, Tactility? Intangibility!

"Keep your Distance" and "Stay apart from each other!" are the prominent imperatives of these days.  Yet, we grew up in a culture where touch and haptic experience was essential. We learned how to touch others without harassing or threatening someone. We learned how to survive in packed metros at Châtelet - Les Halles, and we learned about the pleasures and nuances of kissing and embracing. In our collective memories there are the images of Humphrey Bogart and Lauren Bacall or of Erich Honecker and Breschnew touching each other. How will we be able to reinvent ourselves if haptic experience is ranked down to a secondary sensory source? I will tomorrow talk about some historical debates about how important tangible experience is and refer to Corregio, Tiziano, Diderot, Herder and Otti Berger amongst others.

Bio

Mathias Fuchs is an artist, musician and media scholar. He pioneered in the artistic use of computer games and exhibited work at ISEA, SIGGRAPH, transmediale, futuresonic, and the Greenwich Millennium Dome. In October 2012 he became a professor at Leuphana University in Lüneburg and is currently professor at the Institute of Culture and Aesthetics of Media (ICAM) at Leuphana University.

Raphaël Bastide, Visite commentée d’evasive.tech

"C’est un journal de bord à part, à la fois mélancolique, claustrophobe et interactif, avec, parfois, quelques billes de lueurs colorées… Evasive.tech, de Raphaël Bastide, est un marathon numérique de la quarantaine qui avance sans vraiment savoir où il va, au gré des idées et de l’humeur de son auteur. De ses capacités techniques aussi. Tous les jours, depuis le début du confinement, l’artiste code un nouveau chapitre de son récit hybride, entre site internet poétique, journal graphique et défi informatique…" (Les codes informatifs de Raphaël Bastide, Libération du 09/04/2020)

Lien de l’œuvre en ligne : https://evasive.tech

Bio

Raphaël Bastide crée des instruments, des stratégies pédagogiques, des installations, des objets, des performances. Il développe des sites web et et des programmes informatiques. Il hérite de la culture du logiciel libre et tente de la transmettre.

https://raphaelbastide.com

Gurwann Tran Van Gie, De la puissance de l'intention et de la suggestion

En hypnose et en chamanisme, Gurwann Tran Van Gie accompagne quotidiennement en thérapie des personnes situées à des milliers de kilomètres. Le lien énergétique créé avec la personne consultante, au travers d’une connexion Skype / FaceTime / Zoom, permet d’activer une transe propice à la suggestion et à « l’intention de guérison » aussi intensément qu'une consultation en cabinet. On peut tenter d’expliquer ce mécanisme par une mise en pratique, en thérapie, de La théorie de la double causalité, concept fondateur d’une théorie de la Synchronicité, soutenue par le physicien Philippe Guillemant.

Bio

Artiste, Hypnologue, Shaman et performeur, il vit et travaille entre l’île de Groix et Paris. Passionné par l'énergie vibratoire et les perceptions subtiles, il explore au travers « de films expériences » coproduits avec le Centre Pompidou, l'impact de l'hypnose comme génératrice de déclics, dans l'identification entre sujets et spectateurs. Il initie pour le magazine Citizen K « Le Transe Portrait » , retraçant le parcours d'une personnalité, autour de l'objectif intime d'une séance thérapeutique. Il accompagne en cabinet et en téléconsultations, artistes, créatifs et particuliers localisés dans le monde entier, désireux de s'affranchir de leurs maux, blocages, phobies ou traumatismes. Ancré sur l'île de Groix depuis 2018, il y reçoit son éveil et ses apprentissages chamaniques. Il a officié comme chroniqueur à France Inter et France 5. Il réalisé le documentaire "Pourquoi nous détestent-Ils nous les homos ?" diffusé sur Canal+, et nominé aux Out d'Or.

www.gurwanntranvangie.com

Soirée viralité avec ∏-Node

∏Node est une radio qui émet à Mulhouse et Paris en DAB+, et sur le web.

Structurée sur un modèle distribué unique en son genre, ∏Node se construit comme un espace dédié aux pratiques radiophoniques expérimentales, et défend la radio en tant que media symétrique, hybride, multicanal et décentralisé. ∏Node repose sur un collectif d’artistes et de praticiens radiophoniques qui veillent à faire vivre l'antenne et en développent ses formes depuis 2013, à la fois sur les ondes et dans le champ des arts plastiques et du numérique.

http://p-node.org

Vendredi 27 novembre 2020

14h30 - 15h45 - Viralité

Yves Citton, Trois strates de viralité : un horizon post-critique ?

Un petit ensemble de réflexions contemporaines (Thierry Bardini, Frédéric Bisson, Pierre Cassou-Noguès) s’efforcent d’articuler ensemble viralité biologique et viralité informationnelle. Après avoir brièvement présenté une conception de la viralité déployée sur trois niveaux (virus génétiques, virus informatiques, virus médiarchiques), cette intervention envisagera ce troisième niveau comme ouvrant de nouvelles formes d’activisme politique qui supplémentent la lutte contre des « ennemis » par la coexistence avec des « hôtes », et qui promeuvent une attitude « post-critique » (esquissée dans les derniers travaux de Laurent de Sutter).

Bio

Yves Citton est professeur de littérature et media à l’université Paris 8. Il est jusqu’en 2021 directeur exécutif de l’EUR ArTeC (Arts, Technologies, numérique, médiations humaines et Création). Il co-dirige la revue Multitudes et a publié récemment Générations Collapsonautes. Naviguer en temps d’effondrements (avec Jacopo Rasmi, 2020), Contre-courants politiques (2018), Médiarchie (2017), Pour une écologie de l’attention (2014), Zazirocratie (2011).

yvescitton.net.

Thierry Bardini, Virus couronné : une forme de vie au cube

Je développe dans cette contribution l’intuition de l’existence de virus comme de celle d’une forme de vie polyphasée, c’est-à-dire présentant trois modes d’existence—organique, numérique et idéel, qui tendent de plus en plus à se confondre dans un état ontogénétiquement critique. À partir de son origine dans la science-fiction cyberpunk du Snow Crash de Neil Stephenson, il s’agit de problématiser cette intuition à l’aide de la théorie ontogénétique de Gilbert Simondon. Au total, je propose d’appréhender ce moment critique où les trois phases de virus coexistent et se dissolvent les unes dans les autres, sur un mode analogique et numérique, ce moment qui inaugure le règne de virus, son couronnement.

Bio

Thierry Bardini est professeur au département de communication de l’Université de Montréal. Il y enseigne depuis 1993, après son stage postdoctoral à l’École Annenberg de l’Université de Californie du Sud sous la supervision de Everett M. Rogers. Il est ingénieur agronome (École Nationale Supérieure d’Agronomie de Montpellier, 1986) et docteur en sociologie (Paris X Nanterre, 1991). Son premier livre, Bootstrapping: Douglas Engelbart, Coevolution and the Origins of Personal Computing, est paru en 2000 aux Presses de l’Université Stanford, et son deuxième livre, Junkware, en 2011 aux Presses de l’Université du Minnesota. Il prépare actuellement un livre intitulé Formes de vie virales.

https://com.umontreal.ca/repertoire-departement/professeurs/professeur/in/in14266/sg/Thierry%20Bardini/

Dominic Smith, Ugly David: Reflecting Back on Hume and Habit

On April Fool’s Day 2020, I published a short essay on my research centre’s blog (https://scot-cont-phil.org/text/ugly-david/). The essay was a reflection on David Hume and the grounding role of habit in the midst of the UK’s Covid-19 lockdown. The essay was not intended as a ‘Poisson d’avril’. In April, I was not in the mood to joke about much, and barely knew what day it was.

I wrote the essay because I was missing the habit of doing philosophy greatly: as well as amplifying all kinds of other concerns, lockdown had thrown me into the position of full-time single carer for my two very young children, and I found the experience completely deranging at the time (and completely salutary and humbling with hindsight). In April, books were not something to be looked at for me, much less read…. And so I managed to find a little space to write a short essay on my phone reflecting on an ugly fridge magnet that bore a likeness of David Hume, along with this quote: “Tis not reason that is the guide of life, but custom” .

I would like to reflect back on this piece. In spite of all I have just said, I promise to avoid self-indulgence, and I also promise to note important events that occurred later in the year, and that have to do with really ugly aspects of Hume’s legacy: this summer, aspects of Hume’s legacy – rightly - became a focus for Black Lives Matter protests in Scotland.

Bio

Dominic Smith is Senior Lecturer in Philosophy at the University of Dundee, where he researches philosophy of technology/media. Dominic is interested in bringing the continental tradition in philosophy (e.g. phenomenology, critical theory, poststructuralism, new forms of realism and materialism) to bear on philosophy of technology and media. He is a member of the Scottish Centre for Continental Philosophy: http://scot-cont-phil.org/.

Dominic’s latest book is Exceptional Technologies: A Continental Philosophy of Technology. His current project involves thinking about how philosophy of technology can be broadened to speak to issues in philosophy of education, design, and creativity, with a focus on the work of Walter Benjamin.

Pierre Cassou-Noguès et Gwenola Wagon, Virusland

Virusland, est un feuilleton composé d’épisodes textes et films sur une forme de vie qui s’étend sur la planète par contagion, contagion d’une région ou d’un pays à l’autre, et contagion de la fiction à la réalité. Nous nous proposons de voyager en Virusland, explorer cet étrange domaine comme des ethnologues confinés, sans méthode et sans contacts, et n’ayant pour seule ressource que des vidéos internet. Virusland est en guerre contre un ennemi invisible. Les médecins, les policiers et les épiciers sont en première ligne. A l’arrière, Virusland mobilise aussi des machines, des hélicoptères, des drones, des robots, du tracking, des bracelets électroniques, pour protéger sa population. Cette guerre est sanitaire, biotechnologique et morale. Nous avons tous peur, de l’inconnu, de l’étrange, de nos fantasmes. De quoi exactement ?

https://vimeo.com/pcngw

Bios

Pierre Cassou-Noguès est professeur à l'Université - Paris 8. Il est l'auteur de plusieurs livres qui allient philosophie et fiction. Technofictions (Cerf, 2019) explore à travers huit nouvelles les différentes façons dont la technologie transforme actuellement nos formes de vie. Son dernier livre Virusland explore un monde qui se modèle désormais sur la fiction et une réalité qui  ressemble à un film.

www.pierrecassounogues.org

Gwenola Wagon est artiste et professeur assistant au département d'art de l'Université de Paris 8. Elle a réalisé de nombreuses installations sonores et images en mouvement en France et à l'étranger dont Globodrome, Cyborgs dans la brume et World Brain co-réalisé avec Stéphane Degoutin.

d-w.fr

16h - 17h15 - Au delà des écrans

Mark Amerika, Planet Corona

Planet Corona, artist Mark Amerika’s dark satire documenting life in America during the early months of the worst viral pandemic in over a century, features a “pandemic poet” named COVID-19, a hybrid human-AI sheltering-in-place in the bottom half of a former AirBnB being rented by an overleveraged landlord. While in self-quarantine, C-19 finds solace in training an advanced transformer-based language model to remix the writings of Albert Camus, Clarice Lispector, William Carlos Williams, Hélène Cixous, Jacques Derrida, Antonin Artaud and William Burroughs as well as quotes from various social media posts and newspaper articles depicting the global epidemiological struggle taking place in the dark era of Trump and his GOP sycophants. Co-authored by Amerika and a large GPT-2 text generator created at OpenAI, Planet Corona cuts deep into the soul of our dystopian moment.

Bio

Mark Amerika is a Professor of Distinction at the University of Colorado in Boulder. His artwork has been exhibited internationally at venues such as the Whitney Biennial of American Art, the Denver Art Museum, the Institute of Contemporary Arts in London, and the Walker Art Center. In 2009-2010, The National Museum of Contemporary Art in Athens, Greece, hosted Amerika’s comprehensive retrospective exhibition entitled UNREALTIME. In 2009, Amerika released Immobilité, generally considered the first feature-length art film ever shot on a mobile phone. He is the author of many books including The Kafka Chronicles (FC2), Sexual Blood (FC2), remixthebook (University of Minnesota Press -- remixthebook.com), META/DATA: A Digital Poetics (The MIT Press), remixthecontext (Routledge), Remixing Persona (Open Humanities Press, MEDIA: ART: WRITE: NOW) and Locus Solus: An Inappropriate Translation Composed in a 21st Century Manner (Counterpath Press). His transmedia art work, Museum of Glitch Aesthetics [glitchmuseum.com], was commissioned by the Abandon Normal Devices Festival in conjunction with the London 2012 Olympics. The project has been remixed for Amerika's solo exhibitions "Glitch. Click. Thunk" at the University of Hawaii Art Galleries and "GlitchMix: not an error" at Estudio Figueroa-Vives and the Norwegian Embassy in Havana, Cuba. In 2013, Amerika was appointed the visiting International Research Chair at the University of Paris 8 as part of the Labex Arts-H2H research center. He is the Founding Director of the Doctoral Program in Intermedia Art, Writing and Performance in the College of Media, Communication and Information and a Professor of Art and Art History.

Mauro Carbone, Nous vous le faisons voir (qui nous sommes) :

Les écrans et les images entre la pandémie de la Covid-19 et l’Allégorie de la Caverne.

Les écrans ne sont pas – et n'ont jamais été – de simples surfaces montrant des images. Parce qu'ils ont toujours opéré une certaine distribution (déterminée historiquement, culturellement et technologiquement) du visible et de l'invisible, ils ont tout le temps établi des relations et donc ouvert des expériences. En bref, les écrans n'ont jamais été de simples surfaces, mais des surfaces opérant en tant qu’interfaces, si c'est ce que créer des relations sous-entend. Cependant, nous avons eu besoin du crash-test de la pandémie de Covid-19, environ trente ans après que l'utilisation de l'Internet a commencé à se répandre, pour réaliser massivement, dans notre expérience collective, certains potentiels impliqués dans ce que je viens d’indiquer. Mais comment cela a pu se passer ? Il me semble culturellement important de s'interroger sur les raisons qui ont conduit à ce retard culturel.

Bio

Mauro Carbone, spécialiste d’esthétique, membre honoraire de l’Institut Universitaire de France, est professeur de Philosophie à l’Université Jean Moulin Lyon 3 (France), où il a fondé et dirige le Groupe permanent de Recherche « Vivre par(mi) les écrans » (https://vivreparmilesecrans.wixsite.com/vivreparmilesecrans), avec lequel il a co-dirigé les volumes collectifs Vivre par(mi) les écrans (Dijon, Presses du réel, 2016), Voir selon les écrans, penser selon les écrans (Paris, Mimésis, 2016), Des pouvoirs des écrans (Paris, Mimésis, 2018), ainsi que L’avenir des écrans (Paris, Mimésis, 2020).

Ses recherches actuelles sont focalisées sur les rapports entre l’expérience visuelle contemporaine et la philosophie à faire aujourd’hui. À ce sujet, parmi ses livres les plus récents il faut rappeler Être morts ensemble : l’événement du 11 Septembre 2001(Genève, MētisPresses, 2013), La chair des images (Paris, Vrin, 2011) et Philosophie-écrans (Paris, Vrin, 2016).

http://www.maurocarbone.org/lyon/

Alice Lenay et Vincent Bonnefille, T'es là ? Je t'entends pas...

Nous étions déjà en téléprésence quand tout { ou presque } s'est arrêté. Face à ces images qui nous hantent, la mienne, la tienne, nous cherchons à constater ce qu'il reste de nos décantations. Sentir ce qui bifurque encore entre nous. Regards en biais, complicité de l'œil caméra, souffles-micros, autant de méta-langages-béquilles qui viennent s(t)imuler l’absence. Sur le mode d'un "peut être" spéculatif-transgressif ( et paranoïaque ), nous déclinons la possibilité d'avenirs (il)limités.

Bios

Vincent Bonnefille : Je voudrais des réseaux loués autrement qu'à nos envoûtements. Des protocoles atypiques comme autant de subjectivités en lutte.

Alice Lenay : Je réfléchis à la chaleur des visages sur nos écrans à partir de pratiques conversationnelles.

Natalia Fedorova, To be the wind for the tree

Did you ever want to hear a tree talk?  Did you ever want to feel how the water goes up the tree crones? How does the wind feel for the tree? This project is based on the idea of the Internet of Trees (IoT) verbalizing the tree sensualities. A poetry generator  produces iterations that consist of TT+ (Tree Talker) sensor data. The work translates the trees readable for the viewer, creating vocabulary for the physiological  processes that happen inside them: the sap going up the crones, the humidity of the trunk, connected with the humidity of the air and soil, their vertical position in three axes and how the tree feels gravity and wind, the 12 spectra of light the leaves photosynthesythe on.

Bio

Natalia Fedorova is an artist, curator and researcher working in the field of science art and new media. Her artistic work was demonstrated at such festivals as ISEA, Manifesta, EVA and others. Her latest science artistic research project, To be the wind for the tree, studying the possibilities of creating an interspecies communicator between humans and trees was featured at the highlights of Art Electronica Kepler’s Gardens.For the last six years she has been working on 101 science art festival that was held at the New Stage of Alexandrinsky Theatre  in St Petersburg. As an invited curator she has been working in a number of venues including Garage MCA, V-A-C, National Centre for Contemporary Art and the Theatre of Nations. Currently Natalia is teaching science art at ITMO University and new media art theory and text based art in St Petersburg State University.

17h30-18h45 - Rituels

Marcel O’Gorman, Our Lady of the Crown: Eros in Viral Times

In the early days of the COVID-19 lockdown, newspapers printed reports of families, friends, and lovers separated from one another, dutifully enduring their isolation in the name of civic responsibility. These sacrificial acts, were presented to the public as the work of doleful martyrs who, at times, could only find solace in the screen-based sacraments of social media and video conferencing. What happens to eros when the confinement of a pandemic has cast an unholy spell that forbids, as Anne Carson puts it in Eros: the bittersweet, “boundaries of the body, categories of thought,” to be confounded by desire, physical proximity, touch. As a playful antidote to the Catholicism of pandemic confinement, I propose a fiction about media, literature, and eros, at the risk of revealing, as Alain de Botton put it, that “a philosopher in the bedroom is as ludicrous a figure as a philosopher in the nightclub.”

Bio

Marcel O’Gorman is Professor of English and Director of the Critical Media Lab at the University of Waterloo, where he advances projects that cross media theory with critical design. This approaches is documented in his published books, including E-Crit, Necromedia, and most recently, Making Media Theory. He has also published essays on technoculture in Slate, The Atlantic, and The Globe and Mail, and his techno-critical artworks have been showcased internationally.

Michael Joyce, The book I am not writing

An account of not writing a not to be published novel, The World Beyond, begun, entitled, and set-side long before, and resumed just prior to, the spread of SARS-CoV-2, which, both novel and virus, following the manifestation of the latter as the disease Covid-19, became more and more implicitly, and then explicitly, engaged with end times, quantum entanglements, and nonlocality in a spacetime framework; including the process, not to say progress, of each in their eventual, furtive, iterative, and necessarily incomplete publication and emerging respective affinities, perhaps even identities.

Bio

Michael Joyce’s fifteen books and several digital works— most recently the novel Remedia: a picaresque  (Steerage, 2018) and the poems Light in its Common Place (Broadstone Books, 2020)—span a career as novelist, poet, critic, multimedia artist, theorist, developer, and digital literature pioneer in work which predates the web. At Vassar College where he is Professor Emeritus of English and Media Studies, he was co-founder of the latter program. He lives along the Hudson River north of New York City.

https://www.michaeljoyce.com/

Alban Leveau-Vallier, Intelligence artificielle et messianisme

En nous amenant à modifier collectivement et subitement nos comportements, la pandémie a mis en déroute la batterie d’algorithmes chargés de prédire nos agissements (recommandations de produits, prévisions de ventes et de stocks…) et manifesté leur incapacité à traverser une crise, c’est-à-dire un état d’exception où se reconfigurent nos règles. Les programmes sont aveugles à l’histoire et nous rendent d’autant plus vulnérables aux événements. Pourtant, cela n’a rien entamé de l’enthousiasme envers eux. Au contraire, la pandémie a été l’occasion d’un redoublement de discours messianiques : l’IA «va nous sauver» en prédisant les prochaines épidémies, en trouvant un vaccin, en pistant les populations pour éviter les contaminations, etc. Que se trame-t-il dans cet étrange espoir pour que rien ne vienne l’ébranler, au point que le démenti des événements ne fasse que le renforcer ?

Bio

Alban Leveau-Vallier prépare un doctorat sur l'intelligence artificielle et l'intuition à l'Université Paris 8. Il a enseigné à l'ISEP et à Sciences Po Paris.

Olivier Bosson, Ce qui est arrivé à Jenna et Mark

Je voudrais vous parler de l'histoire qui est arrivée à Jenna et Mark, un couple de Hollandais.

Bio

Olivier Bosson fait des films de fiction et des performances conférences. Il a publié l'échelle 1:1, pour les performances conférences et autres live, un livre qui mélange théorie et petites histoires, et expose tout en la pratiquant une démarche artistique jouable dans un monde ravalé par l'informatique en réseau.

http://olivierbosson.free.fr

Partenaires

TEAMED / AIAC  EA 4010, TransCrit, EA1569, Université Paris 8
AAP RECHERCHE, Université Paris 8
La Générale Paris

À propos de cette page

Design, illustration : Louise Drulhe
Design, programmation : Raphaël Bastide
Caractère typographique : Selectric by Ateliber Bek / Luuse